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L’identité est un concept complexe et dynamique, traversé par des tensions entre appartenance collective et reconnaissance des différences individuelles. Son évolution historique, ses déclinaisons sociales et politiques, ainsi que les débats contemporains qui l’entourent, illustrent la pluralité des formes d’identification dans un monde globalisé. Cette fiche propose une synthèse organisée autour des grandes étapes historiques, des notions clés de communauté et nation, des débats actuels sur l’identité, et des enjeux liés à l’appropriation culturelle.
Au Moyen Âge, l’identité d’un individu est essentiellement définie par ses allégeances au sein d’une communauté hiérarchisée. Ces allégeances multiples structurent la place sociale et les relations de pouvoir :
Cette pluralité soulève des conflits, notamment entre l’autorité royale et celle de l’Église, source des guerres de religion selon Hobbes. L’identité est alors communautaire, fondée sur le statut social et les appartenances collectives, sans reconnaissance de la différence culturelle individuelle.
Les XVIIe et XVIIIe siècles marquent une rupture majeure avec la révolution moderne. La notion de Droit de l’Homme affirme que chaque individu naît libre et égal en droit, capable de changer sa condition sociale. Cette révolution démocratique remet en cause l’ordre social naturel et immuable du Moyen Âge.
Philosophes comme Descartes, Grotius, Locke et Kant développent l’idée d’un individu autonome dans sa raison et son jugement, devant une seule allégeance : celle à l’État. Cette conception conduit à la construction de l’État-nation moderne, où l’identité se fonde sur la citoyenneté et le respect des droits.
Le romantisme et l’expressionnisme, en réaction, valorisent l’intériorité et la différence individuelle, soulignant la nécessité de cultiver une identité authentique.
La nation est un concept moderne lié à l’État. Deux notions antiques préfigurent la nation :
Nietzsche critique la nation fondée sur le sang, tandis qu’Habermas propose le patriotisme constitutionnel, fondé sur l’allégeance à des principes démocratiques et aux droits de l’Homme.
Les formes du nationalisme sont diverses :
Au XIXe siècle, l’État-providence, notamment sous Bismarck, instaure des droits sociaux garantissant protection et reconnaissance des groupes sociaux. Ces droits favorisent la visibilité politique des catégories sociales et alimentent des revendications égalitaires.
Zygmunt Bauman décrit une crise des identités construites par les États-nations, qui s’effondrent face à la mondialisation. Cela conduit à une production d’identité dérégulée et privatisée, où chaque individu revendique la « propriété de soi » (Locke), favorisant une judiciarisation des questions identitaires (théories libertariennes de Robert Nozick).
Emmanuel Todd distingue deux modèles politiques liés aux structures familiales :
| Modèle | Caractéristiques | Exemples |
|---|---|---|
| Universaliste | Systèmes égalitaires, assimilation, métissage | Rome, France, Chine |
| Différentialiste | Traitement différencié des frères, séparation des groupes | États-Unis, Allemagne, Israël |
Rome illustre une assimilation réussie jusqu’à son déclin, tandis que les États-Unis montrent un modèle différentialiste, avec un refus historique du métissage.
Cette distinction est cruciale dans les débats contemporains sur la cohésion sociale.
La société américaine est souvent décrite comme un melting pot (métissage culturel), mais elle ressemble davantage à un salad bowl, où chaque communauté vit séparément sans véritable mélange. Cette image illustre les tensions entre intégration et assimilation.
Ce débat oppose des visions différentes de la reconnaissance des identités raciales.
Introduite par Kimberlé Crenshaw en 1989, l’intersectionnalité analyse comment différentes formes d’oppression (racisme, sexisme, classisme) se combinent et s’amplifient. Par exemple, les femmes afro-américaines subissent à la fois racisme et sexisme, créant une expérience spécifique.
Daniel Colson souligne que dans la chaîne des dominations, tout dominé est aussi dominant par rapport à un autre groupe, illustrant la complexité des rapports sociaux et des discriminations croisées.
L’appropriation culturelle est souvent perçue comme un vol ou une saisie illégitime, comparable à la confiscation de terres ou d’objets, notamment dans le contexte des cultures aborigènes où la propriété matérielle est claire.
La question devient plus délicate pour les formes culturelles immatérielles, telles que :
Ces éléments, définis par l’UNESCO, échappent à une définition simple de la propriété, rendant la notion d’appropriation culturelle difficile à cerner.
Le débat porte sur la question du contrôle : qui a le droit de décider de l’usage des formes culturelles ? Ceux qui dénoncent l’appropriation revendiquent un droit à contrôler ces usages, en lien avec leur identité.
Kenan Malik met en garde contre la transformation des questions politiques et économiques en simples questions culturelles, ce qui masque les racines du racisme et complique sa contestation.
Ce débat soulève la question du commun, qui ne peut se réduire à un affrontement entre identités. Il invite à réfléchir à des modes d’interaction culturelle respectant à la fois la diversité et la liberté d’échange, comme évoqué dans le débat entre Chomsky et Foucault.
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