Le judaïsme : religion, histoire et pratiques
Le judaïsme est une religion monothéiste ancienne, fondée sur une relation particulière entre un Dieu unique et un peuple élu. Son histoire, ses textes sacrés, ses rites et sa diversité culturelle en font une tradition complexe, à la fois ethnique, religieuse et historique. Cette fiche de révision propose une synthèse claire et structurée pour comprendre les fondements du judaïsme, ses évolutions, ses pratiques et son rayonnement à travers les siècles.
1. Le judaïsme : un monothéisme en construction
Origines et affirmation du monothéisme
Le judaïsme s’est construit progressivement autour d’un monothéisme strict. Initialement, les Hébreux pratiquaient la monolatrie : ils reconnaissaient l’existence de plusieurs dieux mais n’en honoraient qu’un seul. Ce processus s’est accompagné d’une fusion syncrétique de divinités anciennes, notamment :
- Èl, dieu céleste,
- Ba'al Shamen, dieu de l’orage phénicien,
- La figure de Yahvé, qui émerge de cette synthèse.
La royauté hébraïque a imposé progressivement cette monolatrie, mais c’est l’exil à Babylone (VIe siècle av. J.-C.) qui a joué un rôle décisif dans l’évolution vers un monothéisme strict, pleinement affirmé aux IIIe-IIe siècles av. J.-C.
Caractéristiques du Dieu unique
Le judaïsme se distingue dans l’Antiquité par la croyance en un Dieu unique, créateur, universel et incréé. Contrairement à d’autres religions antiques, il n’existe pas de théogonie (récit d’origine des dieux) dans le judaïsme. Dieu transcende l’univers qu’il a créé, échappant à ses lois. Cette conception abstraite s’accompagne d’une éthique divine, où Dieu définit le bien et le mal à travers des règles et prescriptions.
- L’interdiction progressive de représenter Dieu physiquement, même par la parole, témoigne de cette abstraction.
- L’homme, créé à l’image d’Adam, est doté d’un libre arbitre, ce qui marque une différence notable avec d’autres récits antiques.
2. Judaïsme : une religion ethnique, historique et universelle
Le peuple élu et la notion d’alliance
Le judaïsme est avant tout une religion ethnique : on devient juif par filiation maternelle, la conversion étant rare. Les non-juifs sont appelés gentils, païens ou goyim. Les Hébreux se considèrent comme le peuple élu par Dieu, qui a choisi de se focaliser sur eux, tout en ayant une vocation universaliste.
Cette élection s’accompagne d’un devoir de responsabilité et d’un engagement formalisé par des alliances successives entre Dieu et son peuple, qui impliquent des obligations morales et religieuses.
La terre d’Israël au cœur de la foi
La terre d’Israël est centrale dans l’histoire religieuse juive :
- Première alliance : Abraham quitte Canaan, terre jugée souillée.
- Deuxième alliance : Moïse conduit la conquête de la Terre promise, avec Jérusalem et Sion comme centres religieux.
L’histoire du peuple juif est marquée par deux exils majeurs :
- Le premier exil (galout) lors de la conquête babylonienne,
- Le second exil, ou diaspora, après la destruction de Jérusalem en 70 ap. J.-C., dispersant la population à travers la Méditerranée.
Ainsi, être juif signifie souvent vivre loin de la Palestine, ce qui a façonné la diaspora juive.
Diversité des communautés juives
Le judaïsme rassemble plusieurs communautés distinctes, issues de différentes diasporas :
- Ashkénazes : parlant yiddish, issus d’Europe centrale et orientale, très marqués par la Shoah.
- Séfarades : parlant arabe et ladino, présents au Maghreb et en Espagne avant l’expulsion de 1492.
- Berbères convertis en Afrique du Nord dès les Ier et IIe siècles.
- Khazars : peuple turcophone du Caucase converti au VIIe siècle.
- Mizrahim : Juifs orientaux.
- Bene Israël en Inde.
- Communauté juive de Kaifeng en Chine.
- Juifs éthiopiens (Beta Israël), reconnus officiellement en 1974, se disant descendants du roi Salomon et de la reine de Saba.
3. Les textes fondateurs du judaïsme
Le Tanakh : Bible hébraïque
Le Tanakh est l’ensemble des textes sacrés juifs, divisé en trois parties :
- La Torah (Pentateuque) : cinq livres attribués à Moïse, gravés sur des tables reçues au mont Sinaï.
- Genèse : histoire des Patriarches.
- Exode : récit de l’exil et du retour à Canaan.
- Nombres, Lévitique, Deutéronome.
- Les Prophètes : racontent l’histoire d’Israël jusqu’en 586 av. J.-C., avec des figures charismatiques transmettant la parole divine.
- Les Écrits (Hagiographes) : livres poétiques, sapientiaux (Ecclésiaste), et historiques (Chroniques), couvrant jusqu’au IIe siècle av. J.-C.
Les manuscrits de la mer Morte (IIIe-Ier siècle av. J.-C.) confirment l’existence d’un canon de 24 livres. La rédaction et la compilation des textes se sont étalées sur plusieurs siècles, avec des remaniements jusqu’au IIe siècle av. J.-C.
La littérature rabbinique
Issue de l’interprétation de la Bible, la littérature rabbinique repose sur la Loi orale transmise par Moïse :
- Michna (vers 200 ap. J.-C.) : mise par écrit de la Loi orale.
- Talmud (Guémara) : commentaires et discussions rabbiniques, avec deux versions principales :
- Talmud de Jérusalem (Ve siècle).
- Talmud de Babylone (VIe siècle).
Ces textes contiennent des décisions juridiques et des commentaires toujours étudiés. Rashi de Troyes est un commentateur majeur du Talmud et de la Torah.
Textes rituels
- Siddour : livre de prières.
- Haggada : récit et commentaire de l’Exode, lu à Pessah.
- Zohar : texte mystique fondant la Kabbale, proposant une expérience personnelle de la connaissance divine.
4. Pratiques cultuelles, lieux et clergé
Rites et calendrier religieux
Le judaïsme est une religion d’orthopraxie, centrée sur la pratique correcte des rites plutôt que sur un dogme rigide.
- Cycle du temps :
- Prières trois fois par jour.
- Shabbat : septième jour, jour de repos et de recueillement.
- Fêtes majeures : Yom Kippour (jeûne et expiation), Roch Hachana (Nouvel An), Hanoukka (purification du Temple), Pessah (Exode avec le Seder).
- Fêtes mineures : Soukkoth (séjour en cabanes), Pourim.
- Cycle de la vie :
- Circoncision (Brith Mila) : rite fondamental, moment où l’enfant reçoit son prénom.
- Bar Mitsva / Bat Mitsva : passage à l’âge religieux (13 ans garçons, 12 ans filles).
- Mariage (Qidouchin) : contrat, échange d’anneau, bris symbolique d’un verre.
- Inhumation (Kevoura) et prières Kaddish pour les morts.
- La vie après la mort : trois possibilités envisagées (paradis, purification, enfer), débat surtout à partir du IIe siècle.
Lieux sacrés et lieux de culte
- Lieux sacrés par essence :
- Temple de Salomon (-950 à -586 av. J.-C.).
- Arche d’alliance.
- Second Temple (-515), lieu des sacrifices quotidiens.
- Destruction du Second Temple en 70, événement traumatique.
- Lieux rendus sacrés par les actes :
- Mezouza : parchemin fixé sur les portes des maisons.
- Synagogue : lieu d’assemblée, d’étude et de culte, surtout après la destruction du Temple.
- Quorum de 10 hommes (miniane) nécessaire pour les offices.
- Organisation spatiale : arche contenant la Torah, bimah (estrade) pour le rabbin, séparation hommes/femmes.
Le clergé juif
- Prêtres (Cohanim) : descendants d’Aaron, fonction héréditaire, avec règles strictes de pureté.
- Lévites : assistants des prêtres, musiciens, juges.
- Rabbins : autorités religieuses après la destruction du Temple, commentateurs du Talmud, enseignants dans les yeshivot.
- Le grand rabbin est l’autorité suprême, avec rôle pastoral et administratif.
Objets du culte
- Kippa : couvre-chef porté par les hommes, rappel de la présence divine.
- Ménorah : chandelier à sept branches, symbole du Temple.
- Maguen David : étoile de David, symbole juif.
- Sefer Torah : rouleau manuscrit du Pentateuque, protégé et conservé dans l’arche de la synagogue.
5. La diaspora et l’histoire du judaïsme
La diaspora juive
La diaspora désigne la dispersion des Juifs hors de Palestine, bien avant la destruction du Second Temple en 70 ap. J.-C. Dès l’Antiquité, des communautés juives vivent en Mésopotamie, Égypte, Syrie, et Asie Mineure. Autour de l’an 0, environ 10 % de la population de l’Empire romain était juive, partageant un calendrier commun et priant vers Jérusalem.
- Les langues parlées évoluent : latin, grec, hébreu.
- Le statut des Juifs varie selon les régions, avec protections et hostilités.
- Après la destruction du Temple, les rites juifs sont interdits en Palestine (530 ap. J.-C.), renforçant la pratique en diaspora.
Judaïsme sous domination chrétienne
- Les Juifs sont considérés comme dépositaires d’une partie des Écritures, mais restent étrangers sans droits politiques complets.
- L’antijudaïsme religieux se manifeste par des discriminations, expulsions (1394 en France, 1492 en Espagne), ghettos, et autodafés de livres talmudiques (Paris, 1240).
- Les ghettos, quartiers juifs fermés la nuit, se développent, notamment à Venise.
Judaïsme sous domination musulmane
- Statut de dhimmi : protection avec restrictions (taxes, interdictions).
- Malgré des violences (massacre de Tolède 1066, révolte marocaine 1465), une culture juive andalouse prospère, avec un judaïsme en arabe, riche en artisans, intellectuels et commerçants.
6. Époques moderne et contemporaine : émancipation et sionisme
- Au XVIIe siècle, les Juifs se réinstallent en Europe, avec une amélioration progressive jusqu’au XIXe siècle grâce aux Lumières et à la Haskalah (mouvement d’émancipation mené par Moïse Mendelssohn).
- Le consistoire central est créé en France en 1808 pour administrer le culte juif sous contrôle étatique.
- Trois courants apparaissent : orthodoxe, libéral, radical.
- À la fin du XIXe siècle, l’antijudaïsme religieux se transforme en antisémitisme racial, alimenté par le nationalisme et des faux documents comme le Protocole des Sages de Sion.
- L’affaire Dreyfus illustre cette montée de l’antisémitisme.
- Les pogroms en Russie dans les années 1880 poussent à la création du mouvement sioniste (1880), initié par Théodor Herzl, visant à créer un État juif en Palestine, mouvement qui aboutira à la création d’Israël en 1948.
Conclusion : points clés à retenir
- Le judaïsme est une religion monothéiste unique, fondée sur l’alliance entre un Dieu unique et un peuple élu.
- Il est à la fois une religion ethnique et universelle, avec une forte dimension historique liée à la terre d’Israël et à la diaspora.
- Ses textes fondateurs (Tanakh, Talmud) structurent la foi et la pratique.
- La pratique religieuse est centrée sur l’orthopraxie, avec un calendrier rituel et des rites de passage.
- La diaspora juive a façonné la diversité culturelle et linguistique du judaïsme.
- L’histoire du judaïsme est marquée par des périodes de persécution, mais aussi d’émancipation et de renouveau, notamment avec le sionisme.
@docFaits religieu 1.pdf
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