Révision GP7 : Écologie, Anthropocène et Relations Humains-Non-Humains

UCO S1 GP6 décembre 2025
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Révision GP7 : Écologie, Anthropocène et Relations Humains-Non-Humains


Introduction générale : Qu’est-ce que l’écologie ?

L’écologie, du grec oikos (maison, habitat) et logos (discours), est la science de la maison, de l’habitat. Introduite par le biologiste Ernst Haeckel, elle désigne la « science des relations des organismes avec le monde environnant », autrement dit la science des conditions d’existence. L’écologie étudie la vie et la manière dont un environnement persévère dans son être.

Évolution de la place de l’humain dans la nature

Avant l’agriculture, il y a environ 10 000 ans, les humains représentaient seulement 3 % de la biomasse totale des mammifères. Aujourd’hui, ils constituent 36 %, auxquels s’ajoutent 60 % d’animaux domestiques, tandis que les animaux sauvages ne représentent plus que 4 %. Cette transformation illustre l’impact massif de l’humanité sur la biosphère.


1. L’Anthropocène : une nouvelle ère environnementale et politique

Définition et datations

L’Anthropocène désigne une époque où l’homme exerce une influence irréversible sur la planète. Plusieurs courants situent son début à différentes périodes :

  • Environnementalistes : années 1960-1970, avec l’emballement industriel des Trente Glorieuses, plaidant pour une régulation (quotas carbone).
  • Décroissants : début de la société industrielle (XIXe siècle), insistant sur les limites planétaires.
  • Anarcho-primitifs : révolution néolithique, critiquant progrès technique, propriété privée, État et capitalisme.
  • Nouvelle droite (GRECE) : fin des années 1960, liant l’anthropocène à un retour égalitaire à la nature, avec des positions anti-chrétiennes et anti-métissage.

Caractéristiques clés de l’Anthropocène (Virginie Maris)

  • La Terre comme système global : émergence d’une science globale, pensée depuis l’espace, considérant la planète comme un système unique.
  • Responsabilité collective : la responsabilité écologique est attribuée à l’espèce humaine dans son ensemble, sans distinction sociale ou géographique.
  • Rôle des experts : la résolution de la crise écologique est confiée aux scientifiques et ingénieurs, ce qui en fait une question technique plutôt que politique.

Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, incarne cette vision en proposant des solutions techniques telles que la géo-ingénierie pour gérer durablement le climat. Cependant, cette approche est critiquée pour son ignorance des conséquences à long terme et pour son effacement des rapports de pouvoir. L’Anthropocène révèle ainsi une double dynamique : une sous-politisation par l’oubli des enjeux sociaux et une sur-politisation par la gouvernance mondiale des experts.

Effacement de la nature comme altérité

La distinction entre nature et culture s’efface, la nature devenant une création humaine. Cette vision démiurgique renforce paradoxalement la domination humaine sur la nature, au détriment de sa dimension sauvage.


2. Nature sauvage, tourisme et tournant ontologique

Nature sauvage ou wilderness

Aux États-Unis, la notion de nature sauvage a une histoire complexe. Les colons défenseurs de cette nature ont utilisé le tourisme comme levier pour contrer le développement industriel. L’idée était que la démocratisation de l’accès à ces espaces via les parcs naturels favoriserait leur sauvegarde.

Cependant, cette industrie touristique a aussi engendré pollution et dégradation des paysages, par exemple par la construction d’infrastructures routières ou la coupe d’arbres pour offrir des vues panoramiques.

Il est important de souligner que la nature dite "sauvage" n’était pas vierge à l’origine. Ces terres étaient habitées par des peuples autochtones expulsés, comme le peuple Havasupai chassé du Grand Canyon. Cette conception d’une nature vierge s’inscrit dans une idéologie parfois raciste. Paradoxalement, la nature sauvage a aussi pu être un refuge pour des groupes marginalisés, comme les marrons ou des résistants, qui y trouvaient un espace d’émancipation.

Le tournant ontologique en anthropologie

Le tournant ontologique propose une nouvelle manière de comprendre les relations entre humains et nature, valorisant les perspectives autochtones et indigènes. Il remet en question la séparation stricte entre nature et culture, typique de la modernité occidentale.

Les apports de Philippe Descola

Philippe Descola identifie quatre ontologies principales dans le monde :

  • Animisme : continuité entre humains et non-humains, tous dotés d’âmes ou d’esprits.
  • Naturalisme : séparation nette entre humains (culture) et nature (lois naturelles).
  • Totémisme : organisation sociale fondée sur des liens symboliques avec des entités naturelles.
  • Analogisme : reconnaissance des différences dans l’intériorité et la physicalité des êtres.

La pensée de Bruno Latour

Bruno Latour propose de repenser le collectif en intégrant les acteurs non humains (plantes, animaux, objets techniques). Il souligne l’hybridation des entités humaines et non humaines, remettant en cause les catégories traditionnelles de nature et culture, insuffisantes pour appréhender les enjeux écologiques contemporains.

Cette approche invite à une révision profonde de notre rapport au monde, dépassant la souveraineté humaine pour inclure la multiplicité des existants et leurs interactions.

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3. L’écologie sociale et politique : enjeux et critiques

L’écologie sociale

Elisée Reclus, géographe et penseur anarchiste, voit l’homme comme la nature prenant conscience d’elle-même. Il insiste sur la nécessité de respecter les lois de la nature pour vivre en harmonie avec elle, tout en reconnaissant les progrès techniques à condition qu’ils soient moralement justifiés. Il met aussi en garde contre l’uniformisation paysagère qui appauvrit l’esprit humain.

Murray Bookchin affirme que l’écologie est fondamentalement sociale. Il critique la vision purement technique de l’environnementalisme et souligne que la domination de la nature découle de la domination sociale, patriarcale et hiérarchique. Pour lui, lutter contre la crise écologique implique de combattre toutes les formes de domination sociale.

Critiques majeures de l’écologie politique

Critique libérale

  • Valeur intrinsèque de la nature : Luc Ferry conteste l’idée que la nature possède une valeur en soi. Pour lui, la nature est un moyen au service des besoins humains, et non une fin.
  • Dignité humaine : Attribuer des droits à la nature ou aux animaux reviendrait à retomber dans l’animisme ou à réenchanter la nature, ce qui est jugé absurde.
  • Risques idéologiques : L’écologie pourrait encourager des idéologies romantiques voire nationalistes, naturalisant la culture et conduisant à des dérives raciales.
  • Rejet du retour à la nature : La nature n’est pas un modèle à imiter ; revenir à elle serait un retour à la barbarie.

Critique marxiste

  • Lutte anticapitaliste : Marx intègre une dimension écologique via la critique du capitalisme, valorisant le développement des forces productives comme condition d’émancipation.
  • Écologie et progrès : L’écologie est parfois vue comme un mouvement antimoderne, frein aux droits des prolétaires.
  • Opposition à l’écologisme petit-bourgeois : Certains marxistes dénoncent l’écologie comme une posture de petits bourgeois cherchant à réduire le pouvoir d’achat des classes populaires.

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4. Vers une reconnaissance juridique et politique des non-humains : la bio-démocratie

La personnalité juridique des entités non humaines

  • Au Moyen Âge, les animaux pouvaient être jugés comme sujets de droit, une idée revisitée aujourd’hui.
  • Depuis 2017, certains fleuves comme le Whanganui (Nouvelle-Zélande), le Gange et la Yamuna (Inde) ont obtenu un statut juridique.
  • En Europe, la Loire pourrait devenir le premier fleuve à être représenté démocratiquement via un parlement dédié.
  • Cette démarche vise à accorder une personnalité juridique aux milieux naturels, leur permettant de défendre leurs intérêts en justice.

Vers une démocratie inter-espèces

  • Proposition d’une assemblée où 60 % des membres représenteraient les non-humains et 40 % les humains.
  • Ce modèle obligerait les humains à former des alliances pour prendre des décisions impactant les écosystèmes.
  • Question cruciale : qui parlerait au nom des non-humains ? Une idée est un tirage au sort parmi la population humaine.

La comptabilité écologique (CARE) : un nouveau paradigme économique

  • Le système économique classique ne prend en compte que le capital financier, ignorant la dégradation des capitaux naturel et humain.
  • CARE propose de mesurer les capitaux en fonction du coût de leur maintien ou remplacement, reconnaissant ainsi la valeur écologique et humaine.
  • Cette approche implique une gouvernance multi-acteurs, fondée sur l’interdépendance des capitaux et la nécessité de décisions communes.

Conclusion

Cette réflexion invite à repenser la politique environnementale à l’échelle du Terrestre, intégrant la complexité des relations entre humains et non-humains. Elle ouvre la voie à une bio-démocratie, où la représentation politique dépasse l’humain pour inclure les milieux naturels, assurant ainsi une gouvernance plus juste et durable.

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Points clés à retenir

  • L’écologie est la science des relations entre les organismes et leur environnement, avec une attention particulière à la place de l’humain dans la biosphère.
  • L’Anthropocène marque une ère où l’impact humain est global et irréversible, posant des défis scientifiques, politiques et éthiques.
  • La notion de nature sauvage est historiquement construite et liée à des enjeux sociaux, culturels et politiques, notamment vis-à-vis des peuples autochtones.
  • Le tournant ontologique en anthropologie remet en cause la séparation nature/culture et invite à intégrer les non-humains dans le collectif.
  • L’écologie sociale souligne que la crise écologique est aussi une crise sociale, nécessitant une transformation des rapports de domination.
  • Les critiques libérales et marxistes questionnent les fondements et les implications politiques de l’écologie.
  • La bio-démocratie propose d’inclure juridiquement et politiquement les non-humains, avec des innovations comme la personnalité juridique des milieux naturels et la comptabilité écologique.

Ce panorama offre une base solide pour comprendre les enjeux contemporains de l’écologie, de l’Anthropocène et des relations entre humains et non-humains, en croisant perspectives scientifiques, politiques, sociales et philosophiques.

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