Formes d'administration en ORL

Formes d'administration en ORLNiveau : intermediate9 décembre 2025
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Formes d'administration en ORL

L’administration des médicaments dans la sphère O.R.L. (oto-rhino-laryngologique) nécessite des formes pharmaceutiques adaptées aux particularités anatomiques et physiologiques des voies concernées. Ces formes visent à optimiser l’efficacité locale ou systémique tout en minimisant les effets secondaires et en tenant compte de la tolérance des muqueuses.

Les principales voies d’administration en ORL sont :

  • La voie perlinguale
  • Les muqueuses bucco-pharyngées
  • La voie nasale

Chacune présente des spécificités propres, liées à la localisation, à la nature du principe actif (PA) et à l’effet recherché.


1. Formes destinées à la voie perlinguale

La voie perlinguale consiste à déposer le médicament sous la langue, où la vascularisation importante permet une absorption rapide et efficace du PA, évitant le métabolisme hépatique de premier passage.

Caractéristiques principales

  • Formes usuelles : solutions en ampoules ou gouttes à déposer sur un support (sucre), comprimés sublinguaux.
  • Avantages : absorption rapide, effet systémique rapide, contournement du tractus gastro-intestinal.
  • Exemple clinique : la nitroglycérine (NTG) utilisée dans le traitement de l’angor.

Usage homéopathique

  • Granules, globules, comprimés, solutions homéopathiques sont aussi administrés par cette voie.

2. Formes pour les muqueuses bucco-pharyngées

Ces formes sont destinées à agir localement sur la cavité buccale et le pharynx, souvent pour des affections inflammatoires ou infectieuses.

Types de formes

  • Collutoires : solutions liquides appliquées sur les muqueuses, souvent par pulvérisation (exemple : Angispray®). Elles ne doivent ni être avalées ni recrachées.
  • Gargarismes : liquides utilisés pour le lavage de la gorge.
  • Bains de bouche : liquides antiseptiques ou d’hygiène bucco-dentaire (exemples : Synthol®, Alodont®).

Formes bioadhésives

Ces formes innovantes utilisent la capacité d’adhésion au film salivaire (épaisseur 70 à 100 µm) et à l’épithélium sous-jacent pour prolonger le contact du PA avec la muqueuse.

Mécanismes d’adhésion

  • Électrostatique : formation d’une double couche à l’interface.
  • Adsorption : interactions faibles entre molécules.
  • Diffusion : interpénétration des matériaux.
  • Interpénétration physique : enchevêtrement avec liaisons secondaires.
  • Ancrage : fixation sur les irrégularités de surface.

Avantages

  • Contact prolongé du PA avec la muqueuse, améliorant l’efficacité.
  • Réduction de la fréquence et de la durée du traitement.
  • Diminution des effets secondaires locaux (ex : aphtose buccale, tumeurs superficielles).
  • Possibilité d’action systémique alternative à la voie orale ou injectable, notamment en cas de métabolisme présystémique important.

Exemple : Loramyc® (miconazole)

  • Indication : candidose oropharyngée chez patients immunodéprimés.
  • Forme : comprimé muco-adhésif appliqué sur la gencive.
  • Mécanisme : hydratation de la matrice hydrophile, adhésion prolongée, diffusion progressive du PA.
  • Avantages : passage systémique régulé, évitant le métabolisme hépatique.
  • Conseils d’utilisation : ne pas avaler, appliquer sur la gencive, changer de côté à chaque application, humidifier en cas de bouche sèche.

3. Formes pour la voie nasale

La voie nasale est une voie privilégiée en ORL pour l’administration locale ou systémique de médicaments, grâce à la richesse vasculaire et à l’absence de métabolisme hépatique de premier passage. Cependant, elle impose des contraintes spécifiques liées à la physiologie nasale et à la tolérance locale.

3.1. Généralités et avantages

  • Formes galéniques : solutions, suspensions, poudres, gels, pommades.
  • Dispositifs : gouttes, sprays (doseurs unidose ou multidose), poudres sèches, gels.
  • Avantages :
    • Action locale ou systémique rapide.
    • Absence de premier passage hépatique et dégradation gastro-intestinale.
    • Administration non invasive, réduisant le risque infectieux.
    • Facilité d’utilisation.
    • Volume d’administration limité (25 à 200 µL).

3.2. Anatomie et barrières nasales

La muqueuse nasale présente une triple barrière qui influence la biodisponibilité :

  1. Mucus et drainage mucociliaire : élimination rapide des particules.
  2. Complexe jonctionnel intercellulaire : limite la pénétration des molécules.
  3. Activité enzymatique locale : dégradation possible des PA.

3.3. Propriétés physicochimiques des PA pour la voie nasale

  • Masse moléculaire : les molécules de faible masse moléculaire sont mieux absorbées.
  • pH : la muqueuse nasale a un pH compris entre 7,2 et 7,4 ; un pH inadapté peut provoquer une irritation.
  • Coefficient de partage (log P) : influence la capacité à traverser les membranes lipidiques.

3.4. Formes pharmaceutiques et dispositifs

Gouttes nasales (solutions ou suspensions)

  • Forme classique, souvent en flacons souples avec embout.
  • Inconvénients : dose peu reproductible, risque de contamination microbiologique par aspiration d’air.
  • Peu adaptées à l’usage chronique, surtout si le PA est irritant.

Poudres nasales

  • Utilisées pour des PA à action locale ou systémique.
  • Limite : irritation possible, coût plus élevé.
  • Exemple : BAQSIMI® pour l’hypoglycémie sévère.

Gels et pommades

  • Réduisent l’avalement et la perte du PA.
  • Favorisent la localisation dans la partie antérieure de la cavité nasale.
  • Bien tolérés, notamment dans le traitement des épistaxis.

Sprays nasaux (solutions ou suspensions)

  • Aérosols doseurs offrant une dose plus précise et reproductible.
  • Volume délivré généralement ≥ 25 µL.
  • Composition typique :
    • Solubilisants (alcool, glycols)
    • Dispersants (tensioactifs)
    • Tampons (phosphates)
    • Humectants (glycérine, sorbitol)
    • Viscosifiants (carboxyméthylcellulose, carbopols)
    • Conservateurs (alcool benzylique) et/ou antioxydants

Sprays sans retour d’air

  • Évitent l’aspiration d’air après pulvérisation, limitant la contamination.
  • Basés sur une poche rétractable ou un piston.
  • Ne nécessitent pas de conservateurs.

Sprays unidose

  • Usage unique, délivrant 1 ou 2 sprays (un par narine).
  • Adaptés à des traitements ambulatoires, faciles à utiliser.
  • Exemple : fentanyl nasal pour la douleur.

3.5. Optimisation de la délivrance

  • Dispositifs électroniques avec mémoire intégrée pour imposer dose et intervalle (système lockout).
  • Améliorent la compliance et la sécurité, notamment pour les poudres sèches.

3.6. Biodisponibilité et facteurs influents

La biodisponibilité par voie nasale dépend de plusieurs facteurs :

  • Propriétés du PA : masse moléculaire, coefficient de partage, solubilité.
  • Clairance mucociliaire rapide : temps de transit de 12 à 15 minutes.
  • Facteurs physiologiques : âge, position, sommeil, activité, pathologies respiratoires (asthme, bronchite).
  • Perméabilité tissulaire élevée au niveau de l’épithélium et de l’endothélium nasal.
Principe actifSpécialitéFormeBiodisponibilitéIndication
Desmopressine acétateMinirin®Solution3 à 5 %Diabète insipide
Nafaréline acétateSynarel®Solution2,5 à 3 %Endométriose
DihydroergotamineDiergo-spray®Solution30-40 %Crise de migraine
Sumatriptan hémisulfateImigran®Solution16 %Crise de migraine

Exemple de conversion : 20 µg nasal équivalent à 1 µg IV.


4. Exemple clinique : Zomig® (zolmitriptan)

Le zolmitriptan, principe actif de Zomig®, illustre parfaitement l’intérêt de la voie nasale en ORL.

  • Après administration intranasale, le médicament est détectable dans le cerveau dès 5 minutes, démontrant une absorption rapide et efficace.
  • La pharmacocinétique nasale montre une biodisponibilité efficace comparée à la voie orale.
  • Cette rapidité d’action est particulièrement utile dans le traitement des crises migraineuses.

Suivi de l’absorption cérébrale

L’étude pharmacocinétique a été réalisée grâce à :

  • Tomographie par émission de positons (PET) pour visualiser la distribution.
  • Imagerie par résonance magnétique (IRM) pour localiser précisément les zones cérébrales.
  • Modélisation informatique pour analyser et quantifier l’absorption.

Cette approche a permis d’obtenir des données dynamiques confirmant la pénétration rapide et ciblée du médicament.


5. Conclusion sur les formes d’administration en ORL

Points clés

  • La sphère ORL nécessite des formes pharmaceutiques adaptées à la localisation et à la nature du PA.
  • La voie perlinguale permet une absorption rapide et un effet systémique efficace.
  • Les formes pour les muqueuses bucco-pharyngées privilégient l’action locale, avec des innovations bioadhésives améliorant la durée de contact et l’efficacité.
  • La voie nasale offre une alternative non invasive pour une action locale ou systémique rapide, avec une bonne biodisponibilité et une tolérance généralement satisfaisante.
  • Le choix de la forme dépend des propriétés physicochimiques du PA, de la physiologie locale, et des contraintes techniques du dispositif d’administration.

Limites à considérer

  • La voie nasale peut présenter une garde enzymatique défavorable pour certaines molécules peptidiques.
  • La déposition du médicament dans la cavité nasale peut être aléatoire, entraînant une variabilité de l’absorption.
  • L’irritation locale limite l’usage chronique de certaines formes.

Ainsi, la connaissance approfondie des formes d’administration en ORL permet d’optimiser la prise en charge thérapeutique, en conciliant efficacité, tolérance et praticité.


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