Advanced features available in the app
La classification des obligations selon leur objet est un fondement essentiel du droit des obligations. Elle permet de comprendre la nature des engagements du débiteur, les modalités d’exécution, ainsi que les conséquences juridiques en cas d’inexécution. Cette distinction repose sur la nature de la prestation promise, c’est-à-dire ce que le débiteur s’engage à faire, à donner ou à garantir.
L’obligation, dans sa définition classique issue des Institutes de Justinien, contraint le débiteur à payer à quelqu’un une chose. Cette définition, bien que traditionnelle, est trop restrictive et imprécise. Paul, dans le Digeste, propose une définition plus complète : l’obligation contraint quelqu’un à faire ou à répondre de quelque chose. Ainsi, l’objet de l’obligation peut être classé en trois grandes catégories fondamentales :
Cette classification romaine reste la base de la théorie moderne des obligations, enrichie aujourd’hui par la distinction entre obligation de moyen et obligation de résultat, notamment dans le cadre de praestare.
L’obligation de dare consiste pour le débiteur à transférer la propriété ou la possession d’une chose déterminée au créancier. Cette obligation porte sur un bien matériel, meuble ou immeuble, et implique un transfert juridique effectif.
L’article 1136 du Code civil précise que l’obligation de dare comprend non seulement le transfert de propriété, mais aussi la livraison et la conservation de la chose jusqu’à cette livraison.
À Rome, le transfert de propriété (datio) devait être réalisé selon des modes formels précis :
Ces modes garantissaient la validité juridique du transfert, qui éteignait l’obligation de dare indépendamment de la remise matérielle.
Deux écoles s’opposent sur la portée de dare :
Carbonnier nuance en distinguant :
Pour les choses de genre, le transfert de propriété ne peut intervenir qu’après individualisation, moment où dare est accompli.
Dans le droit romain, si Titus promet de donner son esclave Sticus à Caius, mais que Sticus meurt avant le transfert, Titus n’est pas responsable. Il avait une obligation de dare (transfert de propriété), non une obligation de facere (soigner l’esclave).
L’obligation de facere impose au débiteur d’accomplir une prestation, un service ou une action déterminée au profit du créancier. Elle ne porte pas sur un transfert de propriété, mais sur un acte positif.
Exemples : réaliser des travaux, fournir un service intellectuel, soigner un malade.
Deux conceptions s’opposent quant à la sanction en cas de non-exécution :
Le droit romain et la tradition médiévale ont progressivement privilégié l’exécution par équivalent, notamment pour respecter la liberté individuelle (nemo praecise cogi potest ad factum).
Cette approche protège la liberté du débiteur tout en assurant une réparation adéquate.
L’obligation de non facere impose au débiteur une abstention, c’est-à-dire l’engagement de ne pas accomplir un acte déterminé.
Exemple : une clause de non-concurrence.
L’obligation de praestare signifie « répondre de quelque chose », c’est-à-dire garantir un certain résultat ou une certaine qualité. Elle implique une responsabilité accrue du débiteur.
Cette distinction moderne, héritée du droit romain, structure la responsabilité contractuelle actuelle.
| Type d’obligation | Objet de l’obligation | Exécution forcée en nature | Sanction en cas d’inexécution |
|---|---|---|---|
| Dare (donner) | Transfert de propriété ou remise d’une chose | Oui | Résolution de l’obligation, dommages-intérêts |
| Facere (faire) | Accomplir une prestation ou un service | Parfois (rare) | Dommages-intérêts, exécution par substitution possible |
| Non facere (ne pas faire) | Abstention, ne pas faire un acte | Souvent impossible | Dommages-intérêts, injonction possible |
| Praestare (garantir) | Garantie d’un résultat ou d’une qualité | Selon obligation de moyen ou résultat | Responsabilité accrue, dommages-intérêts |
Cette classification influence directement les moyens d’exécution, les recours judiciaires et la nature de la responsabilité du débiteur.
[Diagramme]
Cette synthèse offre une vision claire et complète de la classification des obligations selon leur objet, essentielle pour comprendre les mécanismes du droit des obligations et leur application pratique.@dochdd.pdf
