Classification des obligations selon leur objet — Fiche synthétique

Classification des obligations selon leur objetNiveau : intermediate7 décembre 2025
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Classification des obligations selon leur objet — Fiche synthétique

La classification des obligations selon leur objet est un fondement essentiel du droit des obligations. Elle permet de comprendre la nature des engagements du débiteur, les modalités d’exécution, ainsi que les conséquences juridiques en cas d’inexécution. Cette distinction repose sur la nature de la prestation promise, c’est-à-dire ce que le débiteur s’engage à faire, à donner ou à garantir.


1. Introduction générale à la classification selon l’objet

L’obligation, dans sa définition classique issue des Institutes de Justinien, contraint le débiteur à payer à quelqu’un une chose. Cette définition, bien que traditionnelle, est trop restrictive et imprécise. Paul, dans le Digeste, propose une définition plus complète : l’obligation contraint quelqu’un à faire ou à répondre de quelque chose. Ainsi, l’objet de l’obligation peut être classé en trois grandes catégories fondamentales :

  • Dare (donner) : transférer la propriété ou la possession d’une chose.
  • Facere (faire) : accomplir une prestation ou une action.
  • Praestare (garantir) : répondre d’un fait, garantir un résultat ou une qualité.

Cette classification romaine reste la base de la théorie moderne des obligations, enrichie aujourd’hui par la distinction entre obligation de moyen et obligation de résultat, notamment dans le cadre de praestare.


2. Les obligations de donner (dare)

Définition et caractéristiques

L’obligation de dare consiste pour le débiteur à transférer la propriété ou la possession d’une chose déterminée au créancier. Cette obligation porte sur un bien matériel, meuble ou immeuble, et implique un transfert juridique effectif.

L’article 1136 du Code civil précise que l’obligation de dare comprend non seulement le transfert de propriété, mais aussi la livraison et la conservation de la chose jusqu’à cette livraison.

Modes de transfert de propriété dans le droit romain

À Rome, le transfert de propriété (datio) devait être réalisé selon des modes formels précis :

  1. La traditio : remise matérielle de la chose, principalement pour les biens mobiliers.
  2. L’in iure cessio : cession en justice par un procès fictif, transfert par fiction judiciaire.
  3. La mancipatio : acte rituel devant témoins, réservé aux biens de grande valeur (res mancipi).

Ces modes garantissaient la validité juridique du transfert, qui éteignait l’obligation de dare indépendamment de la remise matérielle.

Débats doctrinaux sur la notion de dare

Deux écoles s’opposent sur la portée de dare :

  • École stricte : dare désigne uniquement le transfert de propriété. La livraison est une obligation accessoire, dont le manquement ouvre droit à des dommages et intérêts.
  • École large (inspirée de Demolombe) : dare inclut le transfert de propriété, la remise matérielle et la possibilité pour le créancier d’utiliser la chose. La délivrance est donc constitutive de l’obligation.

Carbonnier nuance en distinguant :

  • L’obligation de dare : transfert immédiat de propriété.
  • L’obligation de livrer : obligation de faire, tant que la remise matérielle n’a pas eu lieu.

Pour les choses de genre, le transfert de propriété ne peut intervenir qu’après individualisation, moment où dare est accompli.

Exemple illustratif

Dans le droit romain, si Titus promet de donner son esclave Sticus à Caius, mais que Sticus meurt avant le transfert, Titus n’est pas responsable. Il avait une obligation de dare (transfert de propriété), non une obligation de facere (soigner l’esclave).


3. Les obligations de faire (facere)

Définition et nature

L’obligation de facere impose au débiteur d’accomplir une prestation, un service ou une action déterminée au profit du créancier. Elle ne porte pas sur un transfert de propriété, mais sur un acte positif.

Exemples : réaliser des travaux, fournir un service intellectuel, soigner un malade.

Exécution et sanctions

Deux conceptions s’opposent quant à la sanction en cas de non-exécution :

  1. Exécution forcée en nature : le débiteur peut être contraint d’accomplir la prestation, avec intervention possible de la force publique.
  2. Exécution par équivalent : lorsque l’exécution en nature est impossible ou disproportionnée, le débiteur doit verser des dommages et intérêts.

Le droit romain et la tradition médiévale ont progressivement privilégié l’exécution par équivalent, notamment pour respecter la liberté individuelle (nemo praecise cogi potest ad factum).

Position du Code civil de 1804

  • Article 1142 : Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts en cas d’inexécution.
  • Article 1143 : En cas d’obligation de ne pas faire violée, le juge peut ordonner la destruction de ce qui a été fait.
  • Article 1144 : Le créancier peut faire exécuter lui-même la prestation aux frais du débiteur.
  • Article 1145 : La violation d’une obligation de ne pas faire entraîne automatiquement des dommages et intérêts.

Cette approche protège la liberté du débiteur tout en assurant une réparation adéquate.


4. Les obligations de ne pas faire (non facere)

Définition

L’obligation de non facere impose au débiteur une abstention, c’est-à-dire l’engagement de ne pas accomplir un acte déterminé.

Exemple : une clause de non-concurrence.

Caractéristiques et exécution

  • Ces obligations sont des faits personnels purs.
  • L’exécution forcée est souvent impossible, car elle porterait atteinte à la liberté individuelle.
  • La sanction principale est la réparation par dommages et intérêts.
  • Parfois, le juge peut ordonner des mesures spécifiques, comme une injonction, pour faire cesser le trouble.

5. La notion d’obligation de praestare : garantir un résultat

Définition

L’obligation de praestare signifie « répondre de quelque chose », c’est-à-dire garantir un certain résultat ou une certaine qualité. Elle implique une responsabilité accrue du débiteur.

Évolution vers les obligations de moyen et de résultat

  • Obligation de moyen : le débiteur doit mettre en œuvre tous les moyens raisonnables pour atteindre un résultat, sans garantir ce résultat. Exemple : un médecin qui doit soigner avec diligence.
  • Obligation de résultat : le débiteur s’engage à atteindre un résultat précis. En cas d’échec, sa responsabilité est engagée sauf force majeure.

Cette distinction moderne, héritée du droit romain, structure la responsabilité contractuelle actuelle.


6. Synthèse et implications pratiques

Type d’obligationObjet de l’obligationExécution forcée en natureSanction en cas d’inexécution
Dare (donner)Transfert de propriété ou remise d’une choseOuiRésolution de l’obligation, dommages-intérêts
Facere (faire)Accomplir une prestation ou un serviceParfois (rare)Dommages-intérêts, exécution par substitution possible
Non facere (ne pas faire)Abstention, ne pas faire un acteSouvent impossibleDommages-intérêts, injonction possible
Praestare (garantir)Garantie d’un résultat ou d’une qualitéSelon obligation de moyen ou résultatResponsabilité accrue, dommages-intérêts

Cette classification influence directement les moyens d’exécution, les recours judiciaires et la nature de la responsabilité du débiteur.


7. Diagramme récapitulatif de la classification

[Diagramme]


8. Points clés à retenir

  • La classification selon l’objet distingue principalement les obligations de dare, facere, non facere et praestare.
  • L’obligation de dare implique un transfert juridique de propriété, souvent accompagné d’une remise matérielle.
  • L’obligation de facere porte sur une prestation ou un service, avec une exécution forcée limitée.
  • L’obligation de non facere impose une abstention, difficile à contraindre en nature.
  • L’obligation de praestare engage une garantie, distinguant obligation de moyen et obligation de résultat.
  • Cette classification conditionne les modalités d’exécution, les sanctions et la responsabilité du débiteur.

Cette synthèse offre une vision claire et complète de la classification des obligations selon leur objet, essentielle pour comprendre les mécanismes du droit des obligations et leur application pratique.@dochdd.pdf

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