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La relation entre médias, communication et politique a connu une transformation profonde depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à l’ère numérique. Les médias sont devenus des vecteurs essentiels pour la diffusion des messages politiques, mais leur influence est complexe, soumise à des mécanismes de réception sélective et à des usages politiques variés selon les régimes.
L’histoire de la communication politique commence avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1445. Cette innovation technique permet une diffusion plus rapide et plus large des informations, rendant possible l’accès à un public plus vaste et diversifié. Cette capacité accrue de diffusion suscite rapidement une intervention politique, notamment par la censure royale ou religieuse, visant à contrôler les messages diffusés, conscients de leur pouvoir de persuasion.
Au XIXe siècle, la presse connaît un essor majeur grâce aux progrès techniques comme les rotatives, qui accélèrent l’impression et la diffusion des journaux. Parallèlement, l’alphabétisation progressive et l’obligation scolaire élargissent le nombre de récepteurs capables de comprendre les messages politiques. Le suffrage universel masculin transforme l’électorat en un auditoire politisé, stimulant le développement des médias comme outils politiques et commerciaux.
Au XXe siècle, la télévision s’impose comme le média de masse dominant, capable de toucher une large part de la population. Plus récemment, Internet et les médias numériques ont multiplié les canaux et modes d’interaction entre politiques et citoyens, complexifiant encore la communication politique.
Les médias ne sont plus de simples supports techniques, mais des institutions spécialisées jouant un rôle clé dans la communication politique. Ils permettent de diffuser des discours, des images et des sons à grande échelle, façonnant ainsi l’opinion publique.
Cependant, la relation entre médias et politique est ambivalente :
Au début du XXe siècle, les régimes totalitaires exploitent massivement les médias pour asseoir leur domination :
Ces régimes utilisent la communication de masse pour verrouiller le système politique, influençant unilatéralement la population.
D’autres régimes, comme ceux de Franco (Espagne), Salazar (Portugal), ou certains en Amérique latine et en Grèce, sont autoritaires mais pas totalement totalitaires. Ils :
Dans tous ces régimes, la communication de masse est utilisée intentionnellement pour influencer, contrôler et orienter l’opinion publique, consolidant ainsi la domination politique.
Des auteurs comme Gustave Le Bon (Psychologie des foules, 1895) et Serge Tchakhotine (Le viol des foules par la propagande politique, 1939) ont souligné la capacité des médias à manipuler les foules, assimilées à des masses facilement influençables par la propagande politique. Cette dernière repose souvent sur un monopole médiatique et une vision unique, visant à soutenir des régimes autoritaires.
Cependant, cette vision est nuancée par les travaux de Lazarsfeld dans les années 1940, qui introduit la théorie des effets limités. Ses études montrent que :
Lazarsfeld et Katz identifient plusieurs mécanismes limitant l’impact des médias :
Ces mécanismes montrent que la communication politique via les médias est un processus complexe, où le message émis n’est pas toujours reçu comme prévu. La réception est active et filtrée, ce qui limite la capacité des médias à influencer directement l’opinion publique.
L’évolution des médias a élargi la portée de la communication politique, mais a aussi complexifié la manière dont les messages sont reçus, interprétés et influencent la société. La communication politique ne se réduit pas à un simple transfert d’information, mais s’inscrit dans un échange médiatisé, soumis à des interprétations et des résistances des récepteurs.
Comme le souligne Pierre Bourdieu, le langage politique peut être un vecteur d’autorité sociale, même s’il n’est pas toujours compris par tous. La communication politique implique donc une dimension relationnelle et symbolique, qui dépasse le contenu strict du message.
L’intégration du numérique et du digital dans les médias transforme encore davantage cette dynamique, en multipliant les canaux et modes d’interaction entre politiques et citoyens. Cela ouvre de nouvelles possibilités d’influence, mais aussi de résistance et de diversification des discours.
