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La Troisième République, instaurée après la défaite de la France face à la Prusse en 1870, est un régime initialement provisoire, fondé sur des lois constitutionnelles adoptées en 1875. Ces lois posent un cadre institutionnel minimal dans un contexte politique profondément divisé entre monarchistes et républicains, et marquent le début d’une longue période de stabilité institutionnelle malgré une instabilité gouvernementale chronique.
Après la capitulation de Napoléon III en 1870, la France entre dans une période de grande incertitude politique. La Troisième République est proclamée dans un contexte de guerre et de crise intérieure, notamment avec la révolte de la Commune de Paris en 1871, violemment réprimée.
L’Assemblée nationale élue en 1871 est majoritairement monarchiste, mais divisée entre deux courants rivaux : les légitimistes (partisans du comte de Chambord) et les orléanistes. Cette division bloque la restauration monarchique, d’autant que le comte de Chambord refuse d’adopter le drapeau tricolore, symbole républicain, ce qui provoque l’échec définitif de la monarchie.
Face à cette impasse, un compromis est trouvé : la Troisième République est instaurée sur la base de lois constitutionnelles adoptées en 1875, qui organisent un régime parlementaire dualiste. Le président de la République est élu pour un mandat de sept ans (le septennat), initialement pour prolonger le mandat personnel du président Mac Mahon, monarchiste modéré.
Ce choix du septennat est donc lié à la volonté monarchiste d’attendre la mort du comte de Chambord, mais il devient rapidement une institution républicaine durable.
Les lois constitutionnelles votées en 1875 sont au nombre de trois :
Ces textes, techniques et dépourvus de références idéologiques fortes, instaurent un régime parlementaire dualiste fondé sur la séparation des pouvoirs, un compromis entre monarchistes modérés et républicains.
Ce système assure une stabilité institutionnelle durable, la Troisième République durant 65 ans, devenant le régime le plus long de l’histoire française jusqu’alors ().
Le président est élu pour un mandat de sept ans, ce qui correspond au septennat de Mac Mahon, mais ce mandat ne lui confère pas un pouvoir personnel fort. En effet :
Ainsi, le président joue un rôle plutôt honorifique, tandis que le gouvernement exerce le pouvoir exécutif réel.
Le Sénat, élu au suffrage indirect, est une chambre haute conservatrice, qui joue un rôle de contrepoids face à la Chambre des députés, élue au suffrage universel masculin. Il dispose de compétences législatives égales à celles de la Chambre basse : initiative, examen et vote des lois.
Le mandat sénatorial est de 9 ans, avec renouvellement par tiers, ce qui assure une certaine stabilité politique.
Ce système conduit à un équilibre fragile, souvent favorable au Sénat et au président, mais qui évoluera vers une suprématie de la Chambre des députés ().
La Troisième République est marquée par une instabilité gouvernementale chronique : entre 1871 et 1940, 104 gouvernements se succèdent. Cette instabilité est liée à la facilité avec laquelle la Chambre des députés peut censurer le gouvernement, et à l’absence d’un contre-pouvoir exécutif fort.
La crise de 1877 illustre cette tension : le président Mac Mahon, favorable à un parlementarisme dualiste, entre en conflit avec la Chambre des députés républicaine qui défend un parlementarisme moniste. La démission de Mac Mahon en 1879 marque la victoire des républicains et la fin du pouvoir présidentiel fort.
Cette situation aboutit à un régime d’assemblée où la souveraineté nationale est incarnée par le Parlement, avec un exécutif soumis et une instabilité gouvernementale persistante.
Le Sénat peut provoquer la démission de ministres en mettant en jeu leur responsabilité politique, comme ce fut le cas pour Clemenceau en 1908 ou Blum en 1937. Cette capacité renforce le poids du Sénat dans la vie politique.
Le droit de dissolution de la Chambre des députés par le président nécessite l’accord du Sénat, ce qui rend la dissolution quasi impossible après 1877.
La défaite militaire de 1940 met fin à la Troisième République. Le régime de Vichy suspend les lois constitutionnelles de 1875 et marque la fin du régime parlementaire français traditionnel ().
Ce panorama du septennat sous la Troisième République illustre les tensions et compromis qui ont façonné un régime parlementaire complexe, où la durée du mandat présidentiel est devenue un symbole d’équilibre institutionnel fragile entre pouvoirs concurrents.
Schéma simplifié du fonctionnement institutionnel sous la Troisième République :
[Diagramme]
Formule de renouvellement sénatorial :
Le Sénat est renouvelé par tiers tous les 3 ans, selon la formule :
[Formule mathématique]
