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La preuve des droits subjectifs est une étape fondamentale en droit. Un droit subjectif est une prérogative juridiquement protégée dont le titulaire peut se prévaloir. Pour faire valoir ce droit, notamment devant un tribunal, il est indispensable d’en apporter la preuve. Sans preuve, le droit ne peut être reconnu ni appliqué.
Selon l’article 9 du Code de procédure civile, chaque partie doit prouver les faits nécessaires au succès de sa prétention, c’est-à-dire les faits qui justifient l’application d’une règle de droit objectif. Le juge connaît la règle de droit, mais il appartient aux parties de démontrer la situation de fait sur laquelle elles fondent leur demande ou leur défense.
La charge de la preuve incombe à celui qui réclame un droit. En cas de doute, la partie qui n’a pas réussi à prouver ses allégations perd. L’article 1315 du Code civil précise ce principe :
Le défendeur peut nier les faits allégués ou avancer des faits nouveaux pour se défendre. Dans ce cas, il devient à son tour demandeur pour ses moyens de défense, selon l’adage latin Reus in excipiendo fit actor.
La charge de la preuve peut ainsi alterner entre les parties, selon les faits à établir, comme dans une partie de tennis.
Les faits à prouver sont généralement des actes juridiques (exemple : contrat de prêt) ou des faits juridiques (exemple : dommage causé par une faute). La preuve des faits juridiques ne nécessite pas toujours un écrit, contrairement aux actes juridiques.
En droit civil français, la preuve des actes juridiques repose sur un système mixte entre preuve parfaite et preuve imparfaite.
L’article 1341 du Code civil impose l’écrit pour la preuve des actes juridiques dépassant 1500 euros. Cet écrit peut être un acte notarié ou sous signature privée. Il s’agit d’une condition de preuve (ad probationem), non de validité, sauf exceptions (exemple : contrat de mariage).
La loi prévoit plusieurs exceptions importantes à cette exigence :
Ces exceptions illustrent la souplesse relative du droit de la preuve, conciliant rigueur et pragmatisme. @docSEMAINE 11 (vidéo 33-35) - La preuve des droits subjectifs.docx
La présomption légale intervient lorsque la preuve directe d’un fait est difficile ou impossible à établir. La loi permet alors de déduire un fait inconnu (fait n°1) à partir d’un fait connu (fait n°2). Cette déduction ne dispense pas totalement de preuve, mais opère un déplacement de la charge de la preuve : il faut prouver le fait connu pour que la présomption s’applique.
| Type de présomption | Caractéristique principale | Exemple(s) |
|---|---|---|
| Présomptions simples | Susceptibles d’être combattues par toute preuve contraire | Présomption de paternité (article 312 CC) |
| Présomptions irréfragables | Ne peuvent être renversées par aucune preuve contraire | Nullité de certains actes (article 911 CC), remise du titre de créance (article 1282 CC) |
| Présomptions mixtes | Admettent une preuve contraire, mais selon des moyens stricts | Présomption de mitoyenneté des murs (article 653 CC) |
Ces présomptions facilitent ou limitent la preuve, selon leur nature, et encadrent la charge de la preuve dans les litiges.
Pour les actes de commerce entre commerçants, la preuve peut se faire par tout moyen (article L110-3 du Code de commerce). Cette liberté ne s’applique pas contre les non-commerçants, qui restent soumis aux règles civiles classiques.
La loi du 12 juillet 1980 (article 1348 alinéa 2) autorise la destruction de l’original d’un écrit lorsque une copie fidèle et durable a été conservée. Cette mesure vise surtout les professionnels (banques, notaires) confrontés à un grand nombre d’actes juridiques, facilitant l’archivage par microfilmage ou supports numériques.
Ces règles permettent d’adapter la preuve aux réalités pratiques tout en garantissant une certaine sécurité juridique.
Ce panorama montre la complexité et la richesse du droit de la preuve, qui cherche à concilier sécurité juridique et souplesse pragmatique.
Pour approfondir, consulter les articles du Code civil et du Code de procédure civile mentionnés ainsi que les sources pédagogiques recommandées. @docSEMAINE 11 (vidéo 33-35) - La preuve des droits subjectifs.docx
