Séance 14 : Biens publics et externalités

Microéconomie7 décembre 2025
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Séance 14 : Biens publics et externalités

Cette séance explore deux notions fondamentales en microéconomie : les externalités et les biens publics. Ces concepts permettent de comprendre les défaillances du marché, c’est-à-dire les situations où le marché ne conduit pas à une allocation optimale des ressources, et les mécanismes nécessaires pour corriger ces inefficiences.


1. Les externalités : définition et enjeux

Qu’est-ce qu’une externalité ?

Une externalité survient lorsqu’une action économique d’un agent (consommateur ou producteur) affecte le bien-être d’un autre agent sans que cette interaction soit prise en compte par le marché, c’est-à-dire sans compensation monétaire. Ces effets peuvent être positifs ou négatifs et engendrent des écarts entre coûts/avantages privés et sociaux.

Ce concept a été formalisé par l’économiste Arthur Cecil Pigou, qui a montré que ces effets externes provoquent des défaillances de marché.

Types d’externalités

  • Externalités négatives : l’action d’un agent impose un coût à un autre (exemple : pollution industrielle affectant la santé des riverains).
  • Externalités positives : l’action d’un agent bénéficie à un autre (exemple : la pollinisation des arbres par les abeilles, qui augmente la production de miel et de fruits).

Les externalités peuvent se produire entre producteurs, entre consommateurs, ou entre producteurs et consommateurs.

Conséquences économiques

Les externalités créent un déséquilibre entre les coûts ou avantages privés et sociaux :

Type d'externalitéConséquence sur la production/consommationÉcart entre coûts/avantages privés et sociaux
NégativeSurproduction ou surconsommationCoût social > coût privé
PositiveSous-production ou sous-consommationAvantage social > avantage privé

Ces écarts justifient une intervention publique pour corriger le marché et améliorer le bien-être collectif.

Exemple concret d’externalité positive

Un horticulteur plante des arbres qui produisent des fleurs, profitant à un apiculteur dont les abeilles se nourrissent du nectar. En retour, les abeilles pollinisent les arbres, augmentant la production de fruits. Cette interaction illustre une externalité positive mutuelle sans transaction formelle.


2. Internaliser les externalités pour atteindre l’optimum social

Qu’est-ce que l’internalisation ?

Pour que le marché fonctionne efficacement malgré les externalités, il faut que les agents économiques internalisent ces effets, c’est-à-dire qu’ils prennent en compte dans leurs décisions les coûts ou bénéfices sociaux associés à leurs actions.

Par exemple, un producteur polluant doit intégrer dans son calcul économique le coût social de la pollution, pas seulement ses coûts privés.

Mécanismes d’internalisation

Plusieurs outils permettent de corriger les externalités :

  • Dispositifs réglementaires : imposition de normes, quotas ou interdictions pour limiter les externalités négatives.
  • Dispositifs incitatifs : taxes (principe du pollueur-payeur) pour pénaliser les comportements nuisibles, ou subventions pour encourager les externalités positives.
  • Création de marchés spécifiques : par exemple, les marchés de droits à polluer où les entreprises peuvent acheter ou vendre des quotas d’émission.

Ces mécanismes transforment l’externalité en un bien économique mesurable et échangeable, alignant ainsi les intérêts privés sur l’intérêt collectif.


3. Les biens publics : nature et défis

Définition et caractéristiques

Un bien public est un bien ou un service dont les externalités positives sont si importantes que la majorité des avantages bénéficient à des tiers, souvent sans transaction directe. Par exemple, la défense nationale, l’éclairage public, ou la santé publique.

Les biens publics se caractérisent par deux propriétés essentielles :

  • Non-rivalité : la consommation par un individu ne réduit pas la quantité disponible pour les autres. Le coût marginal d’un consommateur supplémentaire est nul (exemple : un feu d’artifice).
  • Non-exclusivité : il est impossible d’exclure quelqu’un de la consommation du bien, même s’il ne paie pas (exemple : la sécurité nationale).

Classification des biens économiques

Les biens se classent selon deux critères : la rivalité et l’excluabilité.

Excluabilité (accès payant)Non-excluabilité (accès libre)
RivalitéBiens privés (restaurant, vêtements)Biens communs (ressources forestières, banc de poissons)
Non rivalitéBiens de club (salles de spectacle, autoroutes à péage)Biens collectifs (défense nationale, éclairage public)

4. Le dilemme du bien public : le jeu du bien public

Présentation du jeu

Le jeu du bien public illustre les difficultés liées à la coopération pour financer un bien collectif. Chaque joueur reçoit 5 jetons et doit décider :

  • De conserver ses jetons, ou
  • De contribuer à une cagnotte commune.

Les jetons dans la cagnotte sont doublés puis répartis équitablement entre tous les joueurs, indépendamment de leur contribution.

Fonctionnement et optimum collectif

Si tous les joueurs contribuent la totalité de leurs jetons, la cagnotte est maximale et chaque joueur reçoit un gain calculé par la formule :

[Formule mathématique]

Cette situation correspond à l’optimum collectif, où la coopération est maximale et le gain total est optimisé.

Le dilemme du passager clandestin

Cependant, chaque joueur a intérêt à ne pas contribuer et à profiter des contributions des autres, adoptant le rôle de passager clandestin. Ce comportement est rationnel individuellement car il maximise le gain personnel sans coût, mais il conduit à :

  • Une cagnotte faible ou vide,
  • Un gain individuel inférieur à celui de la coopération,
  • Un résultat sous-optimal pour l’ensemble des joueurs.

Conséquences économiques

Ce dilemme illustre la difficulté à financer les biens publics, qui sont non-exclusifs et non-rivaux. Le comportement de passager clandestin engendre une défaillance du marché, car les ménages ne sont pas incités à payer leur part malgré la valeur collective du bien.

Cela justifie souvent une intervention extérieure, par exemple :

  • La réglementation,
  • Les incitations fiscales,
  • Le financement public.

5. Synthèse et points clés à retenir

  • Externalités : effets positifs ou négatifs non pris en compte par le marché, générant des défaillances.
  • Internalisation : mécanismes pour intégrer ces effets dans les décisions économiques, via taxes, subventions, normes ou marchés spécifiques.
  • Biens publics : biens non-rivaux et non-exclusifs, difficiles à financer par le marché en raison du dilemme du passager clandestin.
  • Jeu du bien public : outil pédagogique illustrant la tension entre intérêt individuel et intérêt collectif, et la nécessité d’une intervention pour atteindre l’optimum social.Séance 14 : Biens publics et externalités

Cette séance explore deux notions fondamentales en microéconomie : les externalités et les biens publics. Ces concepts permettent de comprendre les défaillances du marché, c’est-à-dire les situations où le marché ne conduit pas à une allocation optimale des ressources, et les mécanismes nécessaires pour corriger ces inefficiences.


1. Les externalités : définition et enjeux

Qu’est-ce qu’une externalité ?

Une externalité survient lorsqu’une action économique d’un agent (consommateur ou producteur) affecte le bien-être d’un autre agent sans que cette interaction soit prise en compte par le marché, c’est-à-dire sans compensation monétaire. Ces effets peuvent être positifs ou négatifs et engendrent des écarts entre coûts/avantages privés et sociaux.

Ce concept a été formalisé par l’économiste Arthur Cecil Pigou, qui a montré que ces effets externes provoquent des défaillances de marché.

Types d’externalités

  • Externalités négatives : l’action d’un agent impose un coût à un autre (exemple : pollution industrielle affectant la santé des riverains).
  • Externalités positives : l’action d’un agent bénéficie à un autre (exemple : la pollinisation des arbres par les abeilles, qui augmente la production de miel et de fruits).

Les externalités peuvent se produire entre producteurs, entre consommateurs, ou entre producteurs et consommateurs.

Conséquences économiques

Les externalités créent un déséquilibre entre les coûts ou avantages privés et sociaux :

Type d'externalitéConséquence sur la production/consommationÉcart entre coûts/avantages privés et sociaux
NégativeSurproduction ou surconsommationCoût social > coût privé
PositiveSous-production ou sous-consommationAvantage social > avantage privé

Ces écarts justifient une intervention publique pour corriger le marché et améliorer le bien-être collectif.

Exemple concret d’externalité positive

Un horticulteur plante des arbres qui produisent des fleurs, profitant à un apiculteur dont les abeilles se nourrissent du nectar. En retour, les abeilles pollinisent les arbres, augmentant la production de fruits. Cette interaction illustre une externalité positive mutuelle sans transaction formelle.


2. Internaliser les externalités pour atteindre l’optimum social

Qu’est-ce que l’internalisation ?

Pour que le marché fonctionne efficacement malgré les externalités, il faut que les agents économiques internalisent ces effets, c’est-à-dire qu’ils prennent en compte dans leurs décisions les coûts ou bénéfices sociaux associés à leurs actions.

Par exemple, un producteur polluant doit intégrer dans son calcul économique le coût social de la pollution, pas seulement ses coûts privés.

Mécanismes d’internalisation

Plusieurs outils permettent de corriger les externalités :

  • Dispositifs réglementaires : imposition de normes, quotas ou interdictions pour limiter les externalités négatives.
  • Dispositifs incitatifs : taxes (principe du pollueur-payeur) pour pénaliser les comportements nuisibles, ou subventions pour encourager les externalités positives.
  • Création de marchés spécifiques : par exemple, les marchés de droits à polluer où les entreprises peuvent acheter ou vendre des quotas d’émission.

Ces mécanismes transforment l’externalité en un bien économique mesurable et échangeable, alignant ainsi les intérêts privés sur l’intérêt collectif.


3. Les biens publics : nature et défis

Définition et caractéristiques

Un bien public est un bien ou un service dont les externalités positives sont si importantes que la majorité des avantages bénéficient à des tiers, souvent sans transaction directe. Par exemple, la défense nationale, l’éclairage public, ou la santé publique.

Les biens publics se caractérisent par deux propriétés essentielles :

  • Non-rivalité : la consommation par un individu ne réduit pas la quantité disponible pour les autres. Le coût marginal d’un consommateur supplémentaire est nul (exemple : un feu d’artifice).
  • Non-exclusivité : il est impossible d’exclure quelqu’un de la consommation du bien, même s’il ne paie pas (exemple : la sécurité nationale).

Classification des biens économiques

Les biens se classent selon deux critères : la rivalité et l’excluabilité.

Excluabilité (accès payant)Non-excluabilité (accès libre)
RivalitéBiens privés (restaurant, vêtements)Biens communs (ressources forestières, banc de poissons)
Non rivalitéBiens de club (salles de spectacle, autoroutes à péage)Biens collectifs (défense nationale, éclairage public)

4. Le dilemme du bien public : le jeu du bien public

Présentation du jeu

Le jeu du bien public illustre les difficultés liées à la coopération pour financer un bien collectif. Chaque joueur reçoit 5 jetons et doit décider :

  • De conserver ses jetons, ou
  • De contribuer à une cagnotte commune.

Les jetons dans la cagnotte sont doublés puis répartis équitablement entre tous les joueurs, indépendamment de leur contribution.

Fonctionnement et optimum collectif

Si tous les joueurs contribuent la totalité de leurs jetons, la cagnotte est maximale et chaque joueur reçoit un gain calculé par la formule :

[Formule mathématique]

Cette situation correspond à l’optimum collectif, où la coopération est maximale et le gain total est optimisé.

Le dilemme du passager clandestin

Cependant, chaque joueur a intérêt à ne pas contribuer et à profiter des contributions des autres, adoptant le rôle de passager clandestin. Ce comportement est rationnel individuellement car il maximise le gain personnel sans coût, mais il conduit à :

  • Une cagnotte faible ou vide,
  • Un gain individuel inférieur à celui de la coopération,
  • Un résultat sous-optimal pour l’ensemble des joueurs.

Conséquences économiques

Ce dilemme illustre la difficulté à financer les biens publics, qui sont non-exclusifs et non-rivaux. Le comportement de passager clandestin engendre une défaillance du marché, car les ménages ne sont pas incités à payer leur part malgré la valeur collective du bien.

Cela justifie souvent une intervention extérieure, par exemple :

  • La réglementation,
  • Les incitations fiscales,
  • Le financement public.

5. Synthèse et points clés à retenir

  • Externalités : effets positifs ou négatifs non pris en compte par le marché, générant des défaillances.
  • Internalisation : mécanismes pour intégrer ces effets dans les décisions économiques, via taxes, subventions, normes ou marchés spécifiques.
  • Biens publics : biens non-rivaux et non-exclusifs, difficiles à financer par le marché en raison du dilemme du passager clandestin.
  • Jeu du bien public : outil pédagogique illustrant la tension entre intérêt individuel et intérêt collectif, et la nécessité d’une intervention pour atteindre l’optimum social.

Cette séance met en lumière les limites du marché face aux externalités et aux biens publics, et l’importance des politiques publiques pour corriger ces défaillances et promouvoir le bien-être collectif.


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