Séance 7 : Coûts comptables, coûts économiques et élasticité prix
Cette séance explore des notions fondamentales en microéconomie et gestion d’entreprise : la distinction entre coûts comptables et coûts économiques, le concept clé de coût d’opportunité, ainsi que les déterminants de l’élasticité prix de l’offre et la relation entre élasticité-prix de la demande et recette totale. Ces notions sont essentielles pour comprendre les décisions rationnelles des agents économiques, qu’ils soient individus, entreprises ou pouvoirs publics.
1. Coûts comptables et coûts économiques : définitions et distinctions
1.1. Coûts explicites et coûts implicites
- Coûts explicites : dépenses réelles et directes engagées par l’entreprise (salaires, loyers, matières premières). Ils sont enregistrés en comptabilité.
- Coûts implicites : coûts d’opportunité liés à l’utilisation des ressources déjà possédées, non enregistrés en comptabilité. Par exemple, le temps d’un entrepreneur ou l’usage d’un immeuble en propriété.
1.2. Approche comptable vs approche économique
- La comptabilité se concentre sur les coûts explicites, produisant des rapports financiers rétrospectifs (bilan, compte de résultat).
- L’économie adopte une perspective prospective, intégrant à la fois coûts explicites et implicites, et insistant sur le rôle du coût d’opportunité pour évaluer la rentabilité et guider les décisions.
1.3. Exemple concret
Une entreprise possédant un immeuble ne paie pas de loyer.
- Pour un comptable, le coût lié aux bureaux est nul (pas de dépense réelle).
- Pour un économiste, ce coût n’est pas nul car il faut considérer le coût d’opportunité de l’immeuble (ce qu’il pourrait rapporter s’il était loué).
De même, un auto-entrepreneur qui ne se verse pas de salaire doit prendre en compte le coût d’opportunité de son temps, c’est-à-dire le salaire qu’il aurait gagné ailleurs.
1.4. Du coût au profit
- Recette totale = Prix × Quantité vendue
- Profit économique = Recette totale – Coût total (coûts explicites + coûts implicites)
- Profit comptable ne prend en compte que les coûts explicites.
Exemple : Marc, entrepreneur en conseil, gagne 150 000 € de revenus. Ses dépenses explicites (loyer, équipements, assistant, publicité) s’élèvent à un certain montant, et le coût d’opportunité de son travail est estimé à 100 000 €. Le calcul du profit comptable et économique permet d’évaluer la rentabilité réelle de son activité.
2. Le coût d’opportunité : concept clé en microéconomie
2.1. Définition et importance
Le coût d’opportunité correspond à la valeur de la meilleure alternative à laquelle on renonce lorsqu’on fait un choix. Il reflète la rareté des ressources et les arbitrages nécessaires.
- Il s’applique aux individus, entreprises et investisseurs.
- Il éclaire la rationalité des décisions économiques.
2.2. Exemple simple
Hermione dispose de 10 € pour acheter des livres (5 € l’unité) et des paquets de bonbons (2,5 € l’unité).
- Acheter 4 paquets de bonbons l’empêche d’acheter des livres.
- Acheter 2 livres l’empêche d’acheter des bonbons.
Ce choix illustre la contrainte budgétaire et le coût d’opportunité : chaque euro dépensé pour un bien est un euro non dépensé pour un autre.
2.3. Coût d’opportunité et avantages comparatifs
Le coût d’opportunité est au cœur de la théorie des avantages comparatifs, qui explique la spécialisation des producteurs ou pays pour maximiser l’efficacité économique.
Exemple :
- André peut produire 18 oranges ou 9 pommes par heure.
- James peut produire 16 oranges ou 4 pommes par heure.
Le coût d’opportunité de produire une orange diffère entre eux, ce qui guide leur spécialisation et les échanges.
2.4. Coût d’opportunité et arbitrages collectifs
À l’échelle collective, le coût d’opportunité éclaire les décisions publiques. Par exemple :
- À Los Angeles, 500 000 conducteurs subissent 30 minutes de retard quotidien, valorisées à 15 [Formule]/h.
Le calcul du coût total du temps perdu permet de prioriser les investissements publics pour réduire ces retards.
3. Coûts irrécupérables (sunk costs) et prise de décision rationnelle
3.1. Définition
Les coûts irrécupérables sont des dépenses déjà engagées et non récupérables, quelle que soit la décision future.
Exemples :
- Billet de train non remboursable
- Premier mois de loyer payé d’avance
- Temps passé à préparer un dossier
3.2. Impact sur la décision
Un coût irrécupérable ne doit pas influencer une décision rationnelle actuelle, qui doit se baser uniquement sur les coûts et bénéfices futurs.
Exemple classique :
Vous avez payé 8 € pour un film, mais il ne vous plaît pas. Les 8 € sont un coût irrécupérable. La décision de rester ou partir doit considérer le coût d’opportunité (temps perdu ou plaisir manqué), pas les 8 € déjà dépensés.
3.3. Biais des coûts irrécupérables
Les individus et entreprises ont tendance à continuer une activité à cause des coûts irrécupérables déjà engagés, phénomène appelé biais des coûts irrécupérables.
- Étudié par Richard Thaler, Hal Arkes et Catherine Blumer.
- Exemple célèbre : le projet Concorde, poursuivi malgré les pertes importantes.
3.4. Application en entreprise
Une entreprise ayant investi 1 million d’euros dans des locaux pour une filiale déficitaire doit décider rationnellement en ignorant ce million (coût irrécupérable) et en se concentrant sur les coûts et bénéfices futurs.
4. Élasticité prix de l’offre : déterminants et implications
4.1. Définition
L’élasticité prix de l’offre mesure la sensibilité de la quantité offerte à une variation du prix.
4.2. Déterminants principaux
- Horizon temporel : l’offre est plus élastique à long terme qu’à court terme, car les entreprises peuvent ajuster leurs capacités.
- Capacités de production : plus elles sont flexibles, plus l’offre est élastique.
- Taille des firmes : les grandes entreprises ont souvent plus de moyens pour ajuster la production rapidement.
- Mobilité des facteurs de production : la facilité à déplacer travail et capital augmente l’élasticité.
- Capacité de stockage : permet d’ajuster l’offre sans modifier immédiatement la production.
4.3. Conséquences pratiques
À court terme, l’offre est souvent rigide, tandis qu’à long terme, elle devient plus flexible, ce qui influence la réaction des entreprises aux variations de prix.
5. Élasticité-prix de la demande et recette totale
5.1. Relation entre élasticité et recette
La recette totale est le produit du prix par la quantité vendue. Son évolution dépend de l’élasticité-prix de la demande :
- Demande inélastique : la quantité varie peu quand le prix change. Une hausse du prix augmente la recette totale.
- Demande élastique : la quantité diminue fortement quand le prix augmente. Une hausse du prix réduit la recette totale.
5.2. Exemple : prix des billets de train
Sur un marché donné (ex. de 6h à 9h) :
- Avec une demande inélastique, une augmentation du prix des billets fait augmenter la recette totale (ex. 80 000 €).
- Avec une demande élastique, une augmentation du prix réduit la recette totale (ex. 32 000 €).
Cela souligne l’importance pour une entreprise de connaître l’élasticité de la demande pour optimiser ses prix et maximiser ses recettes.
Conclusion : points clés à retenir
- Le coût d’opportunité est central pour comprendre les choix économiques rationnels, individuels et collectifs.
- La distinction entre coûts comptables (explicites) et coûts économiques (explicites + implicites) est essentielle pour évaluer la rentabilité réelle.
- Les coûts irrécupérables ne doivent pas influencer les décisions futures, bien que le biais des coûts irrécupérables soit fréquent.
- L’élasticité prix de l’offre dépend de plusieurs facteurs, notamment le temps et la flexibilité des ressources.
- La connaissance de l’élasticité-prix de la demande est cruciale pour maximiser la recette totale.
Ces notions sont fondamentales pour une gestion efficace des ressources et une prise de décision économique éclairée.
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